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L'Argentine (1)

Le Chaco, Salta, Les nuages et Valparaiso

Je passe la frontière le lendemain, mais cette fois-ci avec l’Argentine. C’est à ce moment-là que les employés du poste d’immigration paraguayenne essayent de m’arnaquer de 30 USD. En effet, comme j’ai fait tamponner mon passeport pour sortir vers la Bolivie alors que j'étais à Pozo Colorado, ils refusent de le tamponner une deuxième fois. Tant, comme je suis néanmoins muni d’un tampon de sortie du Paraguay sur mon passeport, je traverse la frontière et me présente devant les services migratoires argentins. Ces derniers m’expliquent que je dois avoir le tampon de sortie du Paraguay correspondant à l'endroit où j'entre en Argentine, c'est à dire celui que les zozos de l'autre côté de la frontière me refusent. Je retourne donc voir ces derniers afin qu'ils me redonnent le fameux tampon de sortie, mais ces enfoirés s’infiltrent dans la brèche et m’affirment que je vais devoir m’acquitter de la somme de 30 USD pour les « coûts administratifs Â»... Juste pour passer un coup de fil ou deux... Ni une, ni deux, je  retourne voir les argentins en leur expliquant que les paraguayens veulent m'arnaquer de 30USD... Et mon plan fonctionne. Comme je le suspectais, il apparaît que les services migratoires des deux pays voisins ne s’apprécient pas spécialement. Mon interlocuteur me dit qu'il trouve cela « dirty manners Â» (sale manières) de la part des officiels paraguayens et finit donc par me donner mon tampon d'entrée sans faire plus d'histoires, m’évitant ainsi une amende de 30 USD.


L'Argentine commence donc plutôt bien pour moi. Et ça ne s'arrête pas là puisque l’auto-stop marche à merveille. Je parcoure environ 1000 Km à travers le Chaco argentin en 2 jours et demi, campant par-ci par-là. Les gens sont vraiment sympas dans le nord de l'Argentine, c'est un fait indéniable. En plus c'est un pays civilisé ici : Ils ont du Fanta citron... Que voulez-vous de plus ? Et puis, ici, je ne suis plus un Gringo, au Paraguay non plus d'ailleurs...


Parmi les rencontres sympas que je fais, outre les sympathiques personnes qui me prennent en stop, il y a ces deux jeunes laveurs de carreaux de voiture que je croise dans une station-service. Il faut s’imaginer le contexte. On est en plein milieu du Chaco argentin, il zone semi désertique et très aride, où ne poussent que des arbustes et où les températures descendent rarement en dessous de 20 degrés. Un chauffeur vient de me déposer dans cette station-service et, en attendant le prochain qui m’emmènera vers le nord-ouest, je sympathise avec deux enfants d’une douzaine d’années. Comme ils me demandent d’où je viens, je leur réponds que je suis français et que je viens donc de France. Ils me demandent alors si j’ai déjà vu la neige, ce à quoi je réponds par l’affirmative. Ils m’expliquent alors qu’avec la chaleur qu’il fait ici (notamment en ce moment, plus de 35 degrés) il n’y a jamais de neige et qu’ils ne l’ont donc jamais vu. Mais, qu’à cela ne tiennent, ils ont leur propre neige. En effet, en remuant la bouteille de Coca percée d’un minuscule trou au niveau du bouchon et dans laquelle ils stockent leur produit pour laver les carreaux, ils font une mousse qu’ils expulsent en pressant bien fort la bouteille et qui ressemble à de la neige. Je suis très touché par l’imagination et la bonne humeur de ces deux ados. Pour les remercier de cette démonstration, je leur paye une glace chacun et reprends la route avec un nouveau chauffeur.

Bref j’arrive à Salta, une jolie ville coloniale bien tranquille au pied des Andes, dans le nord-ouest du pays. L'Argentine, enfin, le nord pour le moins, n'est pas du tout aussi chère que ce qu’on m’a dit... Et c'est tant mieux, parce qu'on m'a dit des trucs hallucinants... En fait, certains produits sont moins chers qu'au Pérou, les laitages ou la viande, par exemple. Et le reste n'est pas vraiment beaucoup plus cher. C’est pour moi la deuxième excellente surprise de l'Argentine...
 
Un peu plus tard, j’arrive donc à Salta. Salta est avec Tucuman l’une des deux grandes villes du nord-ouest de cet immense pays. La vie et les habitants y semblent tranquilles. LA famille qui tient la petite « albergue Â» pas chère où je m’installe pour la durée de mon séjour est charmante. Je sympathise notamment avec le fils de la maison, un ado d’une quinzaine d’années qui joue de la guitare.

Mais, Salta est avant tout pour moi le point de départ du fameux ‘tren de las nubes’ (le train des nuages). Ce train, avec des passages à plus de 4000 mètres d’altitude, possède une renommée très importante dans cette région du continent. Les paysages, censés être exceptionnels, ne m’impressionnent pas outre mesure, mais je suis tout de même ravi par cette expérience. La destination du train se trouve juste après le village de San Antonio de Los Cobres. Le train franchit quelques viaducs pour faire plaisir aux touristes avant de faire demi-tour et redescendre sur Salta. Pour ma part, je descends à San Antonio avec l’idée de faire du stop à la sortie de la ville en direction de la frontière chilienne.

 

Bon, il se trouve que ce n’est pas vraiment une route. C’est plutôt une piste. Il se trouve, en outre, que le trafic est quasi inexistant sur ce chemin et, après 24 heures d’attente au même endroit sans avoir vu personne se diriger vers le Chili, je renonce. Le prochain train pour Salta n’étant que demain, je dois camper sur place. Si ce n’est qu’on est toujours à plus de 4000 mètres d’altitude et que la température nocturne approche le zéro, mais sinon tout va bien. Vu la piètre qualité de mon équipement de camping, je dois me résoudre à dormir tout habillé dans mon sac de couchage en espérant quand même me réveiller demain matin.

 

Bon, j’ai survécu à ma nuit et je peux retourner à la gare pour prendre le train et redescendre sur Salta. Auparavant, pendant la matinée, j’ai sympathisé et pris quelques photos avec une famille du village et leur lama… J’ai également pris le temps de visiter San Antonio, une ville à peu près aussi gaie que le proprio du World Trade Center le 11 septembre au soir…

Mon plan a donc changé : au lieu de traverser les Andes pour arriver sur la côte chilienne à la latitude de Salta et descendre ensuite en suivant la côte jusqu'à Santiago, je me décide à descendre vers le sud, en stop, du côté argentin, et traverser les Andes à hauteur de Mendoza et Santiago du Chili. Un voyage d'environ mille bornes (copyright) en stop ! C’est épique et fort agréable. D’abord, je réalise que j'ai eu raison de changer mon itinéraire car ce que je vois est magnifique (alors que la côte chilienne au nord de Santiago est désertique et ressemble assez à la côte péruvienne que je connais pas mal ... à ce qu'on m'a dit). Ensuite, Je passe par la Quebrada del Cafayate, des gorges magnifiques avec des formations rocheuses insolites et des couleurs toutes aussi belles. Le soir de ce deuxième jour de stop, des joueurs de foot bourrés (à part le chauffeur), m'emmènent sur 50 bornes à bord d'un pick-up où je dois, face à leur insistance insistante, faire l'animation musicale (pas facile à 80 Km/h). Cela me vaut une reconnaissance générale, à manger, à boire et même un lit pour la nuit dans la maison du chauffeur de la camionnette... Comme quoi, les pauvres... Quand ils veulent.... Une soirée tip top donc.


Le lendemain, je traverse les vallées Calchaquis. C'est un endroit fort impressionnant où une chaine montagneuse qui nait à la frontière entre la Bolivie et l'Argentine, pas trop loin du Paraguay, rejoint les pré Andes... et cela fait lune immense vallée entre ces deux chaines avec un panorama hallucinant à perte de vue : Grandiose.


L’Argentine du nord-ouest m’offre encore les jours suivants d'autres paysages toujours aussi beaux alors que je voyage en compagnie de 2 étudiants en médecine argentins très sympas (je dois avoir un certain feeling avec les étudiants en médecine ...). Bref, que du bon bordel... Un midi, alors que je descends de la dépanneuse qui a eu la gentillesse de m’emmener, je me fais interpeller par les habitants d’une maison voisine, du fond de leur jardin : « Hé ! Étranger ! Viens partager le barbecue avec nous Â». Je ne me fais pas prier deux fois, ce qui me permet de déguster l’une des meilleures viandes de bovines de ma vie (des vaches argentines, saines de corps et d'esprits, elles !). 

Je poursuis ma route toujours en campant comme un sauvage et tendant mon pouce à tous vents. Et, finalement, après 2 jours à San Antonio et 4 jours de stop dans des conditions d'hygiènes proches du niveau d'indépendance de la politique extérieure du Royaume Uni face aux états Unis, J’arrive enfin arrivé à Mendoza (la ville de Quino, le génial, et je pèse mes mots, dessinateur de Mafalda !). Mendoza est une assez grande ville au pied des Andes dotée d'un climat très sec. Heureusement, elle bénéficie de la fonte des neiges des Andes. Celle-ci permet d’irriguer orner d'arbres toutes les rues de la ville. Ça me plaît bien. J'y rencontre même 3 français bien cools tenant un restaurant que deux d'entre eux ont ouvert il y quelques semaines. Bonne ambiance et bonne soirée dans la foulée. 

Je prends ensuite la route qui mène au Chili et on peut dire que j'ai le nez fin (calmez-vous, calmez-vous, c'est juste une image, mon pif est toujours aussi gros...). En effet, je repousse mon départ d'une journée et je prends un bus au lieu de faire du stop... Et j'ai doublement raison car la veille de ce trajet, le jour que j'ai initialement prévu, les routiers argentins sont en grève et bloquent la frontière... Et le jour même où je fais le voyage, un péage est dévalisé. Résultat : la police interdit à tout véhicule de prendre des gens en stop... Bref J’arrive en fin d'après-midi à Valparaiso après être passé au pied de l'Aconcagua, le plus haut sommet des Amériques : 6959m, que je n'ai malheureusement pas pu voir car il faisait mauvais temps, à mon grand dam, vous avouerais-je. 

Valparaiso a quelque chose de particulier pour moi car c'est le titre d'une chanson d'un chanteur peu connu que j'adore... Euh... C'est la chanson que j'adore... parce que le chanteur, Philippe Richeux, je l'aime bien mais tout de même, mon affection pour l'artiste a ses limites... Et donc je suis tout excité à l'idée de venir ici, et, maintenant, d'y être... ici... Vous suivez ? Parce que c'est bien de Valparaiso que je vous écris. Non content d'être la ville de la chanson que j'adore (cette fois-ci, plus de doutes) c'est aussi une ville extraordinaire. C'est un port (comme Liverpool...), mais, à peine passés les 300m de surface plane qui suivent la côte pacifique, le terrain devient « collineux Â». Les maisons s'entassent les unes sur les autres (redondance, non ?) dans un enchevêtrement extrêmement photogénique. Dans Valparaiso il y a Paraiso : Paradis en espagnol...


Hier, en arrivant dans la chambre d'hôte où je loge, le fils de 33 ans, un chanteur amateur doté d'un organe vocal très développé, m'emmène au pub d'une des facs d'ici parce qu'il doit y chanter. Il s'agit en fait d'une soirée organisée par les amis et camarades de classe d'un type dont la maison a brulé et dont les bénéfices (de la soirée, pas de la maison brulée... putain, j'm'embrouille moi...) allaient lui être versés pour l'aider dans cette difficile épreuve. Amen ! Je trouve l'initiative vraiment sympa et j'ai même l'honneur de chanter la dernière chanson de la soirée.


La vie nocturne est aussi très généreuse... Ça me fait vraiment beaucoup penser à Liverpool ici... Et, comme ville, c'est ma préférée depuis le début de mon voyage en Amérique du Sud.


Aujourd'hui, je visite les hauteurs de la ville et prends environ 30000 photos, dont une de l'Aconcagua, finalement, que le temps clair me permet de voir, alors qu'il se trouve à 200 Km d'ici. Voilà, si je ne m'attarde pas plus que prévu, ce qui n'est pas gagné car ça me plait vraiment ici, je serai à Santiago demain, à 70 Km d'ici, pour deux jours, avant de reprendre ma descente vers le sud et les Patagonies chiliennes et argentines. 

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