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Le Pérou (7)

Enfants du soleil

Bon, c'est pas le tout ça mais il faut bien que je reparte pour Cusco. Ce que je fais donc. De nuit, je prends un bus pour en direction du sud-ouest du pays. Comme je suis chanceux en ce moment, j'ai la pleine lune pour voyager, ce qui me permet de profiter de l'exceptionnel paysage, alors que nous grimpons puis descendons vers Abancay, la capitale d'Apurimac. J’arrive sur Cusco le matin très tôt.


Cusco, c'est un peu la capitale archéologique de l'Amérique du sud. C'était tout simplement, il y a un peu plus de 500 ans, la capitale du fameux et énorme empire Inca. La ville elle-même et les environs sont parsemés de ruines plus ou moins impressionnantes et plus ou moins bien conservées. Cela en fait un lieu hautement touristique et envahi de "GRINGOS" (et je choisis bien le terme) tout au long de l'année avec un maximum entre juin et septembre. Un peu comme ce que l'on voit dans le "gringolandia" de Quito, en Equateur, il semble que ces touristes, jeunes ou moins jeunes, se sentent rassurés de tous se retrouver à Cusco, un peu "entre eux", si l'on veut... Moi ça m'effraie. Enfin, ça m'effrayait. On m'en avait fait une description tellement apocalyptique que ça ne me donnait pas envie de me retrouver au milieu de tous ces bus de familles nord-américaines avec leurs mioches qui braillent, leur caméras digitales à 2 patates, leurs lunettes de soleil homologuées baygon jaune, leur coups de soleil homologués... têtes de nœuds... Et leur Dollar à 7 FF 70 (Quel scandale !!!). Excusez-moi, mais ça fait du bien de se lâcher un peu sur les Ricains de temps en temps, avec tout ce qu'ils me font endurer juste par leur présence ici... Bref, Cusco se passe mieux pour moi que ce que j'avais prévu, et c'est tant mieux. Il paraît qu'il y a moins de touristes que d'habitude à la même époque. Je vous l’ai dit, je suis verni…


Cusco est tout simplement une ville magnifique, admirablement conservée et quasiment pas défigurée par des bâtiments modernes (quand je dis bâtiments modernes, j'entends par là : construits à la va-vite, avec des matériaux peu couteux et avec une recherche architecturale qui n'a pas pour but l'esthétique mais bien l'économie de sous sous !). Donc, un endroit fort sympathique pour se promener sous le soleil (hé oui ! En ce moment c'est la saison sèche dans TOUTE la sierra...). Et ça tombe bien qu'il fasse beau parce que Cusco est quand même à 3400m et quand y a pas de soleil ou que l'on est à l'ombre ou pire, qu'il fait nuit, eh ben il fait bien frisquet !

J'entreprends de visiter bon nombre de ruines incas dans Cusco et dans les proches alentours. Parmi elles, les plus impressionnantes sont les restes quasi intacts de la forteresse de Sacsayhuaman qui se trouvent à la sortie de la ville, sur une colline, et à seulement 10 minutes de l'hôtel où je squatte.


Ce truc est juste hallucinant ! On y trouve des pierres mesurant plusieurs mètres de haut et pesant plus de 100 tonnes. La plus grande est estimée à 8 mètres cubes et a 360 tonnes. Bien sûr, comme d'habitude, l'on ne sait pas vraiment comment les incas faisaient pour les bouger... Le plus fort, c'est qu'ils ne se contentaient pas de les bouger, mais ils les taillaient et les ajustaient les unes avec les autres, et si bien même que l'on ne peut pas passer une aiguille entre deux pierres (enfin, ça c'est ce que dit la pub, mais c'est vrai que pour celles qui n'ont pas bougé elles sont incroyablement jointes). Bref, Sacsayhuaman, pardonnez-moi l'expression, (surtout toi maman !) ça vous la coupe !


Je passe également voir le temple de Kenko (zig-zag en quechua) utilisé pour des sacrifices sanguinolents, ainsi que la fontaine de Tambomachai et les ruines de Puca Pucara.

Bon, mais Cusco c'est aussi le point de départ pour THE ATTRACTION TOURISTIQUE du Pérou : Machu Picchu. Et je dois vous dire que je suis bien content parce que je n'aurai plus l'air d'un extra-terrestre quand les gens me demanderont si je suis allé à Machu Picchu...


Machu Picchu c'est un peu quelque chose d'énorme pour les gens de ma géneration (irai-je jusqu'à nous appeler la génération "Cités d'Or", ça donne toujours mieux que "Géneration Miterrand", non ?!?). Bref, tout ça pour dire que je suis surexcité en prenant le bus le matin très tôt, à 6h30 pour monter là-haut, à 2400 m, voir la fameuse ville Inca.


En gros, Machu Picchu fut re"découvert" par un universitaire nord-américain : Hiram Bingham qui, et ça me fait bien plaisir de vous le dire, s'est complètement planté sur la signification de ce lieu magique. Il cherchait la dernière capitale inca : Vilcabamba, que le dernier empereur avait fait construire dans la jungle après la défaite devant les espagnols. et donc, pendant 50 ans on a cru Bingham, jusqu'à ce qu'un autre archéologue découvre la vraie Vilcabamba.

 

Pour me rendre sur place, je choisis la version lente, mais économique. Au lieu de prendre le train des touristes (hors de prix !!!) à 6 heure du matin pour arriver à 10H sur Aguas Calientes et monter en bus jusqu'au site, je choisis l'alternative... Il est en effet hors de question que je raque une centaine de dollars pour prendre un train bourré de gringos alors que je peux faire le même trajet pour environ 8 fois moins cher (eh oui, quand on gagne son pain à coups d'accords de guitare et de chansons sur les Plaza de Armas, on a tendance à faire attention à comment on dépense son pécule...). L'astuce est la suivante. Il faut partir la veille, en micro bus, jusqu'à Ollantaytambo. je profite d'y être en début d'après-midi pour visiter ce village très ancien, aux portes de la vallée de l'Urubamba. Les fondations des murs de certaines maisons, tout comme dans Cusco, sont des pierres mises en place par les Incas eux-mêmes. Et, tenez-vous bien, le système d'écoulement des eaux de pluies, est également un héritage direct des Incas. C'est exceptionnel ! On peut aussi faire un petit tour sur les remparts protégeant le village, ce dont je ne prive pas. Et pour finir, j'assiste même à une procession carnavalesque.

En fin fin d'après-midi, je prends le train "local", au tarif "local", en direction d'Aguas Calientes où j'arrive quelques heures plus tard. Je me trouve une posada pas trop cher et le tour est joué. Je suis donc au pied de la montagne du Machu Picchu où je me rendrai demain matin.

 

Comme prévu, à 6h, je prends le tout premier bus qui avale les quelques lacets séparant le fond de la vallée et l'entrée du site. Une demi-heure plus tard, je suis devant les ruines (intactes) du Machu Picchu. Vernis comme je suis, j'ai la chance d'avoir une journée radieuse, et donc, en prime, le lever du soleil sur Machu Picchu ; expérience inoubliable. L'avantage d'être sur place si tôt c'est d'avoir le site pour nous tous seuls. Nous, ce sont les quelques touristes ayant dormis à Aguas Calientes et ceux qui arrivent du "Camino del Inca". Le "Camino del Inca" c'est le troisième moyen de se rendre au Machu Picchu. en gros, vous payez 80USD pour faire une randonnée de 4 jours à travers la jungle, depuis les abords de Cusco jusqu'au Machu Picchu. Résultat, ces derniers dorment tout près du site le troisième soir et sont sur place le matin du quatrième jour pour assister (tout comme moi) au lever du soleil. Bref, c'est extra !!!

 

Ce qui m'impressionne le plus c'est l'immensité du site. On est tellement habitué à la photo panoramique du Machu Picchu que l'on ne se rend pas compte que le site est vraiment très grand. Et, sur place, on est scotché par le spectacle. Les ruines sont particulièrement bien conservées. Il faut dire qu'elles n'ont pas été détruites par les conquistadors qui n'ont jamais découvert la citadelle. Bref, je suis aux anges d'être là.

 

Vers midi, je grimpe le Huayna Picchu, l'espèce de montagne en pain de sucre qui domine les ruines. Une photo souvenir au sommet et je redescends par les escaliers glissant (à cause de l'humidité) et poursuis ma visite. Je rentre en fin d'après-midi à pied jusqu'à Aguas Calientes.

Tiens ! Que je vous explique un peu la "mafia" du Machu Picchu. Rappelez-vous les épisodes précédents : le régime de Fujimori et Montesinos, ultra corrompu et tout et tout. Eh bien, ces sympathiques personnages ont confié la concession du train (unique moyen de se rendre à Machu Picchu, à part ses jambes (40 Kms dans les montagnes et la jungle !)) à une compagnie Anglo-Chilienne, moyennant un pot de vin, bien sûr, (les faits prouveront que j'ai raison. Ça se fait bien chez nous ces choses-là : attributions de marchés publics en échange d'une petite commission (non! Pas derrière l'église Toto !), alors pourquoi pas dans l'un des pays du top 5 de la corruption mondiale !?!)


Bref, ces bon petits capitalistes qui détiennent le monopole du transport pour les ruines les plus prisées d'Amérique du Sud, eux qui gueulent à l'atteinte à la liberté d'entreprendre lorsque le monopole est d'état, et bien ces chers capitalistes (tiens, des anglais et des chiliens, c'est pas un joli hasard ça !?!) ne se gênent absolument pas pour pratiquer des prix hallucinant, et je n'exagère pas (pour une fois, me diront les mauvaises langues) : au minimum 6 fois le prix de la même distance sur une autre ligne exploitée par l'état péruvien ! En plus, ils pratiquent de la discrimination raciale ou diplomatique, appelez ça comme vous voulez. Sur ce trajet, les touristes, et ils sont nombreux, n'ont pas le droit de voyager avec les locaux... Joli vision du tourisme la compagnie anglo-chilienne.


Vous parlerais-je du bus qui monte les touristes depuis Aguas Calientes (la station du train) jusqu'au Machu Picchu ? Environ 7 Km, et qui prend le prix que je paye pour faire les 600 Km qui séparent Lima de Trujillo, toujours en bus, of course... Ce n'est qu'un exemple... Bien sûr, les locaux ne voient rien de toute cette thune.


Enfin...

 

Quoiqu'il en soit, je passe une nouvelle nuit à Aguas Calientes avant de rentrer sur Ollantaytambo le lendemain, toujours par le train, et toujours pas cher. Il fait très beau et je profite de la proximité pour aller visiter les Salines de Maras. Il faut savoir que ces salines, dont on extrait toujours le sel aujourd'hui, ont été construites et exploitées par les Incas il y a plus de 500 ans. C'est phénoménal de voir à quel point elles sont bien conservées. En plus, le lieu est très joli et très graphique.

Je repars donc de Cusco au bout d'une semaine dans la région. Je me dirige toujours plus au sud, en direction du lac Titicaca et de la Bolivie. En fait j'ai besoin de sortir du Pérou pour renouveler pour la deuxième fois la durée de mon visa sur mon passeport. Je fais donc une visite éclair sur les bords du lac Titicaca, que je reverrai plus amplement fin juillet et début août. Puis, en une journée je descends (enfin façon de parler ! c'est quand même à 3700m) à La Paz, d'où je prends un bus pour la ville côtière d'Arica, au Chili, à 11H de route. En parlant de la route, les paysages sont superbes, notamment le passage de la frontière, à 4500 m, avec un lac et des montagnes enneigées, dont un volcan, rosis par le coucher de soleil.

Le lendemain matin, je quitte Arica et re-rentre au Pérou, obtenant ainsi de nouveau 90 jours... J’arrive à Tacna, l'Héroïque Tacna. En effet, après 50 ans passés sous domination chilienne, les habitants de Tacna ont voté (vers 1920 ou 39, je crois) leur retour sous le drapeau péruvien. Bon, à part la fontaine dessinée par un certain Gustave Eiffel (tiens, tiens, comme on se retrouve...), le centre est dénué d'intérêts majeurs… Et, même la fontaine... En revanche, dans les alentours, on trouve des pétroglyphes très accessibles et plutôt jolis (des gravures sur pierres). En tout cas ça me plaît bien.

Deux jours plus tard, je repars en direction de Lima, avec une première étape à Moquegua. L'intérêt de Moquegua est de se trouver au bord du désert le plus sec du monde (d'après mon guide) : l'Atacama. En tout cas, on en traverse un bout en sortant de Moquegua pour remonter vers Ica et c'est quand même très impressionnant de traverser un désert, même dans le confort (relatif) d'un bus péruvien. La deuxième étape est donc Ica. Egalement au bord d'un désert, Ica est connu pour la Huacachina, un oasis, à l'orée du désert mais à seulement 3 kilomètres du centre-ville. J'y passe de bons moments à gratter pour les clients d'un hôtel sympa.

 

Enfin, je rentre à Lima où je recommence mes activités musicales à la Posada del Angel, dont je suis devenu un musicien attitré. J’attends maintenant l’arrivée très prochaine de mes amis : Christophe Lachiver et Florence Grinsnir, début juillet.

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