L'Amérique du Sud
Le Pérou
Iquitos
Le voyage entre Leticia et Iquitos se passe sans trop d'encombres. Bien sûr, au début, il y a le passage de frontières. Il faut, avant d'embarquer, faire tamponner son passeport pour la sortie de la Colombie. Ensuite, la lancha nous emmène de l'autre côté du fleuve pour un arrêt au bureau d'immigration, bien isolé, péruvien. J'obtiens sans problème un tampon pour trois mois, que je compte bien utiliser...
Trois jours et trois nuits plus tard je débarque à Iquitos, toujours avec mon ENNNNOOOOORME sac à dos et ma guitare. Je trouve une posada pas trop chère (c'est toujours trop cher pour mon ridicule budget en francs français...) et m'y installe pour une petite semaine. Je vais ensuite me balader dans le centre pour m'apercevoir qu'en fait, Iquitos, c'est avant tout une Plaza de Armas (typique place centrale des villes péruviennes) et un Malecon, typique promenade le long de l'eau en Amérique Latine.
La Plaza des Armas est tout près du fleuve. Elle est bordée d'un côté par la Casa de Hierro (la maison de fer) construite par les ateliers Eiffel. C'est l'une des attractions touristiques de la ville. Pour le reste, il y a le marché de Bélen, et les excursions en forêt. En ce qui concerne les excursions, j'ai déjà fait ma petite balade en forêt au Vénézuéla, au pied du Salto Angel, et je n'ai pas vraiment les moyens d'aller en faire une ici. En revanche, je ne tarde pas à aller visiter le marché de Bélen, même s'il est, d'après les locaux, assez mal famé. Il faut dire que durant la période du terrorisme du Sentier Lumineux, il fallait VRAIMENT éviter de mettre les pieds à Bélen. Heureusement, les choses ont bien changé aujourd'hui, et je me promène tranquillement dans le marché de ce quartier sur pilotis. J'y déguste également d'excellent jus de fruits (sortidos : multifruits) qui n'arrangent pas vraiment mes problèmes gastriques, mais qui justifieraient presque à eux seuls le déplacement dans ces contrées lointaines...
Lorsque je suis dans le centre, je prends ma guitare et m'en vais gratter un peu sur le Malecon pour faire quelques nuevos soles... Ca ne marche pas trop mal et j'arrive ainsi, chaque jour, à gagner de quoi payer ma chambre et me nourrir.
Je profite de la présence de nombreux artisans pour demander à l'un d'eux s'il pourrait m'indiquer l'endroit où l'on trouve le ou les peintres qui peignent tous ces objets (assiettes, bols, ocarinas, etc.) qu'ils vendent. L'on me donne une adresse et je m'y rends dans la foulée. Pour une somme modique, une quinzaine de nuevos soles, le bonhomme peint sur ma guitare un paysage du coin, l'Amazone avec une pirogue, le tout au coucher du soleil. C'est un peu comme une carte postale que je fais peindre par un artisan local sur ma guitare. J'ai déjà commencé la chose en Colombie, à Leticia, la semaine d'avant, ce qui fait que j'ai aujourd'hui deux peintures sur ma guitare... Et je ne compte vraiment pas m'arrêter là...
Sur l'une des principales avenue de la ville, je découvre une boutique où l'on vend des jus de fruits. Plus besoin d'aller à Bélen pour boire ces breuvages irrésistibles. Le patron, Emilion Wong, est un vrai bonheur. Il est gentil et attentionné avec moi. Comme il joue de la guitare aussi, nous échangeons quelques plans chansons. Il m'apprend notamment à jouer une chanson du coin : Amanecer Loretano. Il m'accompagne même dans la rue pour changer mon argent et m'évite ainsi une arnaque toute bête à base de billets pliés dans la pile qu'il remarque alors que moi je n'y avait vu que du feu... Finalement, après quelques jours, il invite son meilleurs client de la semaine à manger dans sa famille. Je découvre ainsi l'intérieur d'une famille péruvienne de classe moyenne.
Malgré la tranquillité et la sérénité de la vie à Iquitos, je dois bientôt repartir. Je me rends donc une dernière fois chez Emilio pour lui faire mes adieux et me dirige vers le port afin d'embarquer une dernière fois sur le fleuve Amazone. Ce nouveau tronçon dure encore trois jours. Il me mènera à Yurimaguas et me permettra d'atteindre le réseau routier pour ensuite traverser les Andes du Nord et rejoindre la côte au niveau de Trujillo.
