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Le Vénézuela (1)

Les Caraïbes paradisiaques

Ce matin je quitte ma savane et me dirige en stop jusqu’à Santa Elena de Uairen, à 2 ou 3 kilomètres de là. Mes objectifs sont les suivants :

1) trouver de l’argent.

2) trouver le nord.

 

Le premier est partiellement atteint. En effet, ne trouvant pas de banque acceptant la carte Visa, je dois changer des Réais en Bolivares, et encore, pas beaucoup… Le deuxième, en revanche, commence plutôt bien puisque je suis pris en stop par un camion pick-up qui effectue le déménagement d’une famille d’indigènes. D’ailleurs, je peux dire que pour cette famille, pendant 2 bonnes heures, je fais partie des meubles…

 

Les heures du midi sont un peu plus chaotique et je marche sur environ une dizaine de kilomètres tout chargé que je suis le long de la route à travers les magnifiques paysages de la Gran Sabana (grande savane). Des Tepuys (montagnes plates) au loin, quelques palmiers autour de petites mares parsèment de grandes étendues d’herbes plus ou moins hautes.

 

Finalement, on me monte de nouveau dans un pick-up, puis une voiture normale, ensuite une jeep et, le soir même, je me retrouve à dormir au bord du Salto Kama. C’est une magnifique cascade de 50 m de haut, jouxtant la route qui relie Santa Elena au reste du pays, et qui me sert pour rallier le nord. Etant arrivé dans le courant de l’après-midi au salto Kama, j’en fais un petit tour et je plante ma tente au bord de la rivière, juste avant qu’elle ne se jette. C’est une sorte de camping tenu par des indigènes, il m’en coûte 1000 bolivares la nuit, environ 10FF, ce qui n’est pas excessif.

 

Je fais un petit feu sur des rochers plus où moins dans la rivière et mange les quelques poissons que j’ai pêché juste avant. C’est toujours une sensation sympa de manger le fruit de sa pêche.

 

Après une nuit bien reposante, je repars de bon matin toujours vers le nord. En chemin, je m’arrête à la Quebrada de Jaspe. Il s’agit d’une magnifique petite cascade au milieu d’une rivière qui coule sur un lit de roche rouge : le jaspe, le tout au milieu d’une forêt verdoyante. Un petit paradis à un quart d’heure de marche de la route. J’en profite pour prendre ma première douche en trois jours. Qu’est-ce que ça fait du bien de se sentir un peu propre.

​Je repars à nouveau vers le nord. Les aléas de l’auto-stop font que je marche beaucoup sous un soleil de plomb à travers de superbes paysages. Le moindre ruisseau longeant la route et c’est le bonheur du rafraîchissement mérité. A bord de l’un des pick-ups qui m’emmène vers le nord, je croise deux marcheurs en tenues de marcheurs : collants, combinaisons collantées noires avec quelques motifs fluos et des sponsors, pures pompes de marche et tout petit sac à dos. Un peu tout le contraire de moi qui vais en stop, avec un bermuda de plage, des pompes de marche à peine correctes, un énorme sac-à-dos…et tout seul ! Parce que eux, tout de même, outre l’exploit (ils font un grand voyage à pied de chez pied, à travers tout le continent américain...), ils ont une camionnette suiveuse.


Bref, j’arrive à un endroit un peu touristique où une rivière joue avec la gravité et se déverse de palier en palier pour le plus grand bonheur des baigneurs. Il y a là un tout petit ensemble de trois ou quatre magasins de souvenirs dont les locaux sont, à priori, un ancien couvent ou un truc du genre, et une inévitable station service. Je parle avec un bonhomme du coin qui est plus ou moins homme d'église et professeur. Il m’explique que le couple qui marchait est en train de rallier Ushuaia au Canada à pied. Chacun son truc…

 

On n’imagine pas lorsque l’on roule sur cette route sillonnant un paysage plus ou moins désertique, que l’on peut tomber sur des endroits aussi agréables. En effet, derrière les petits magasins on traverse un pont, à l’orée d’un bois et après deux minutes de marche l’on est au bord de la rivière en escalier. Je m’y trempe les pieds. Je rencontre aussi un brésilien de Brasilia avec qui je parle de mon récent passage par Boa Vista et qui me dit qu’il faut absolument que je passe par Brasilia quand je retournerai au Brésil. Je lui dis que ce n’est pas vraiment prévu mais bon, qui sait ?


Je repars, toujours vers le nord et arrive dans un bled un peu bizarre. Il s’agit en fait d’un village dont la principale raison d’être  est de loger les familles des militaires du camp voisin. Pour ma part je trouve ça un peu glauque, d’autant que le ciel est en train de se couvrir. Je tends donc à nouveau le pouce et le miracle se produit alors que je me voyais déjà planter ma tente à la sortie de ce non-village. Hé oui ! Un camion de mineurs me prend en stop. Je parle un peu avec eux. Il faut dire que mon espagnol est plus que rudimentaire et que, donc, les conversations ne peuvent pas être très variées… Ceci dit, comme on me pose toujours les mêmes questions, je commence à maîtriser certaines constructions et un peu de vocabulaire rudimentaire. Je leur dit d’où je viens et ce que je fais, et eux m’expliquent qu’ils habitent au Kilomètre 88, un village plus au nord, à environ 120 kilomètres de là, et qu’ils rentrent chez eux après une semaine de travail dans une mine plus au sud, en plein cÅ“ur de la Gran Sabana.


Il faut savoir que la Gran Sabana est une région dont le sous-sol recèle de grandes richesses minérales que les gouvernements précédents ont largement bradées à des entreprises minières occidentales (américaines, canadiennes, japonaises, allemandes, etc.) contre d’inévitables pots-de-vin. Au final ce sont bien les vénézuéliens qui descendent à la mine pour un salaire de misère et les actionnaires des multinationales qui empochent la cagnotte… Et  après on vient nous parler de pays pauvres… Enfin…


Malgré la nuit qui tombe je peux apprécier le changement de décor et notre arrivée progressive dans une région plus boisée et avec même un petit peu de relief. La forêt achève le jour et c’est bien de nuit que j’arrive au Km 88.


Je m’y restaure et me mets en quête d’un coin où planter ma tante. Seul petit problème : ici les maisons ne sont pas vraiment des maisons, plutôt des amas de tôles ondulées plus ou moins rouillées, et les jardins ne sont pas des jardins mais des avancées de gadoue sur la rue, qui est elle même un chemin de boue. Enfin, je vous décris ça de manière apocalyptique mais quand je suis arrivé il pleuvait et c’était le soir et j’étais fatigué et je ne savais pas où j’allais dormir.

Finalement je demande à un monsieur devant une sorte de bar, s’il me laisserait planter ma tente à côté de son établissement. Il hésite, pas parce qu’il ne veut pas, mais parce qu’il pense que c’est une curieuse idée et que je ne vais pas être bien à mon aise si je campe là, dans la gadoue… Heureusement son interlocuteur, un certain Rafael, me propose très généreusement de m'héberger chez lui pour la nuit. Cette fois-ci c’est moi qui hésite, je n’aime pas déranger, et je finis par accepter car c’est proposé de bon cœur… Bon,en plus, ça m’arrange quand même pas mal.


Nous allons donc chez lui et j’entre dans l’un de ces amas de tôles et m’aperçois qu’à l’intérieur c’est plus confortable et solide que ça n’y paraît de l’extérieur. Il me montre une chambre et après quelques paroles échangées me laisse seul. Je suis un peu embêté de ne pas bien maîtriser l’espagnol car cela m’aurait bien plu de pouvoir parler un peu avec mon hôte, après tout, je suis là pour rencontrer des gens… J’installe ma moustiquaire et me couche en pensant à toutes ces choses que je suis en train de vivre. Ça me repose…


Le lendemain matin je prends congé de mon hôte en le remerciant à répétition pour sa gentillesse. Vu de jour, c’est tout de même un peu plus sympa le Kilomètre 88. Comme l’on pouvait s’y attendre c’est tout vert… Et devinez quoi ? Il fait beau ! Un joli soleil qui m’accompagne au bout du village, à pied, pour entamer le stop de la journée.


Comme ça ne fonctionne pas très bien, je marche beaucoup et m’enfonce petit à petit dans la forêt. Enfin, « enfoncer Â» c’est un bien grand mot, je longe tout de même une nationale… Pardon : une Bolivar. Eh oui, ici ils sont tellement dingues de Bolivar, le héros de l’indépendance des pays du nord de l’Amérique du Sud, vénézuélien de surcroît, qu’ils en font tout un fromage, surtout Chavez d’ailleurs, le populiste et relativement populaire président du coin. Et donc, en plus d’avoir sa tête et son nom sur les billets de banque, c’est encore son patronyme que l’on utilise pour désigner les routes nationales. Ah oui, j’oubliais, il y a aussi une Ciudad Bolivar et des peinture de lui sur les murs des villes… Sans compter une station de métro à Paris… Mais ça c’est parce qu’il y a terminé ses jours dans la plus grande pauvreté… Comme quoi, vous voyez où ça mène de libérer un continent de l’emprise des européens…


Bon, là je me trouve donc dans la forêt à longer la Bolivar 10 et à faire du stop sous un soleil de plomb. Il n’y a pas beaucoup de voitures qui passent, mais, par contre, il y a un nombre incroyable de pneus sur le bord de la route. Ce qui me laisse penser que les gens qui changent les roues et les pneus doivent avoir une position privilégiée dans la société vénézuélienne et qu’ils doivent être pleins aux as vu l’abondance apparente de clients dans leur branche.


Je tombe aussi sur un petit jacaré écrasé. Le jacaré est un petit animal apparenté au crocodile. Quand je dis petit, ça peu quand même atteindre le mètre cinquante si j’en crois mes sources… Enfin, celui était petit, genre 80 centimètres. J’aimerais bien en voir un vivant mais je n’y crois pas trop.


Autre chose surprenante, pour moi, jeune européen qui n’y connais pas grand-chose : les voitures. La plupart sont des vieilles américaines des années soixante-dix. Je suis presque sûr qu’ils ont tourné tous les Starsky et Hutch au Venezuela… Enfin, s’il l’avait fait ça leur aurait coûté moins cher, et avec un résultat similaire. Je ressasse alors mes leçons d’histoire de terminale et me rappelle que l’Amérique du Sud est le jardin des Etats-Unis et que les sud américains sont une cible d’exportation privilégiée notamment pour les véhicules. Il n’en reste pas moins que c’est vraiment impressionnant. Je commence à entrevoir les réalités économiques sous un autre angle et réalise peu à peu l’importance que représente le fait d’être un pays producteur de voiture… Cela participe clairement à l’indépendance économique d’un pays.


Autre surprise, les voitures sont souvent pleines. Ici, peu de gaspillage, même si l’on est au Venezuela et que le carburant est très bon marché. D’ailleurs, beaucoup de ces paquebots roulants dont les passagers me regardent étrangement sont des taxis collectifs et je finis par ne plus m’étonner qu’aucun d’entre eux ne s’arrête.

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Bon, finalement une camionnette me prends et me dépose  à Tumeremo où j’en profite pour me restaurer un bon coup, sandwichs et Coca au menu. Et me voici reparti, toujours à la force du pouce en direction de Ciudad Guyana. Cette fois ci, ça marche un peu mieux pour moi et un petit 4X4 s’arrête et m’y emmène en trois courtes heures que je passe à discuter avec mes bienfaiteurs du moment. Lui est ingénieur dans une mine du coin. Il est canadien et très sympa, ma foi. Il m’explique ce que je sais plus ou moins déjà : que la Gran Sabana est une région très riche en minerais de toutes sortes, Or, Argent, Diamant, etc. Et que la plupart des compagnies minières titulaires des concessions sont des multinationales étrangères notamment nord-américaines, japonaises et Européennes. Cela confirme ce que je pensais, ce sont bien les multinationales qui s’en foutent pleins les poches pendant que les vénézuéliens descendent à la mine pour un salaire de misère…

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« Où est la morale dans tout ça ? Â» me direz vous. Hé bien ils sont quand même gentil les colons économiques, ils m’emmènent en voiture, alors au lieu de critiquer je ferais bien de la fermer. Enfin, moi dans la voiture je n’ai rien dit, j’ai été gentil et poli parce que je suis bien éduqué et que je dois être un peu hypocrite parce que bon, quand j’ai besoin de quelqu’un j’évite de me le mettre à dos en le rappelant à sa conscience…

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Une fois à Ciudad Guyana, je remercie bien mon ingénieur canadien et me mets en quête d’un logement pour la nuit. En suivant les conseils du Lonely Planet je me rends dans l’hôtel supposé être le moins cher du  coin. En fait c’est pourri, vraiment pourri, et très cher par rapport au coût général de la vie au Venezuela. Quand je dis pourri il ne faut pas croire que je sois une chochotte, mais bon, c’est en sous-sol, sans fenêtre donc, tout petit, et sale. Enfin, je le prends quand même parce que ça fait bien trois jours que je n’ai pas pris une douche au savon… Ensuite il faut que je trouve un distributeur de billet acceptant la carte Visa. Finalement je m’en tire bien puisque j’en trouve un dans le quart d’heure qui suit ma sortie de l’hôtel.

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Je tourne un peu dans le quartier où je me trouve et rentre me coucher parce que je suis éreinté et qu’il ne semble pas y avoir grand-chose d’intéressant dans cette grande ville moderne et peu typique puisque consacrée en grande partie au Business.

 

Le lendemain, je repars toujours en direction du nord puisque c’est par là que se trouvent à la fois les Caraïbes et Caracas, la capitale. Je prends donc un bus local qui m’amène à la sortie de la ville pour entamer mon stop du jour. Ça ne marche pas trop mal puisque, puisque je suis à Maturin pour midi. J’y mange rico (très bien) comme on dit ici, une assiette de poisson dans un resto du terminal terrestre où l’on m’a déposé croyant que je préférais voyager en bus et que le stop n’était qu’un moyen de dépannage pour moi…Et j’ai la surprise de découvrir une banane frite accompagnant mon riz et le poisson. Deuxième surprise : C’est très très bon !


Bon, rebelote, je dois reprendre un bus local pour sortir de la ville et recommencer le stop… C’est le prix à payer quand on se fait déposer dans le centre d’une grande ville. Le problème, cette fois ci, est de taille puisque, peu après être descendu du bus je me rends compte que j’ai oublié mon guide Lonely Planet dedans. Outre la valeur marchande de l’objet, je suis bien embêté parce que je le trouvais bien utile au niveau du trouvage d’hébergement dans des villes inconnues… Dans toutes les villes du continent quoi… Autre désagrément de l’après midi, je me fais prendre en stop par deux gars assez jeunes, mon âge à peu près, qui, non contents de rouler  comme des malades dans les montagnes (car nous abordons la petite chaîne de montagne qui forme la toute fin des Andes) me posent des questions un peu louches, du genre : t’as pas peur que des gens t’agressent à faire du stop comme ça ? Ou alors : Comment tu fais pour l’argent, t’as beaucoup de liquide sur toi ? Hum Hum ! Bref, ça se termine tout de même très bien puisqu’ils me déposent en me souhaitant bonne chance. Une camionnette plus loin et je suis à l’entrée de la cueva del Guacharo.


Que je vous explique. La cueva del Guacharo est le repère de la plus grande colonie au monde de cet oiseau nocturne qu’est le guacharo. La particularité de la bestiole vient du fait que c’est le seul oiseau nocturne à utiliser le système du sonar, comme les chauves-souris. Je ne veux pas m’avancer, mais je crois qu’ils sont à peu près 40 000 dans cette grotte. Bref, je demande au gardien et contre 1000 Bolivar, env. 10FF, il me laisse camper près du bureau d’accueil des touristes, car c’est un lieu hautement touristique, rapport aux bestiaux… D’ailleurs, le soir même débarque une autre colonie, de touristes belges, et une autre, de français, qui viennent observer la sortie des guacharo à la tombée de la nuit. Je me joins à eux et vais me coucher peu à après.


Le lendemain matin, je profite de ma présence sur place pour visiter la grotte avant de repartir. J’apprends donc que la grotte est immense, que l’on en visite en fait que 2 kilomètres, mais qu’elle en fait au minimum 12. Certains pensent même qu’elle est tellement grande qu’elle va jusqu’au Brésil. Je trouve cela un peu exagéré puisque le Brésil est tout de même à plus de 700 Kms et qu’en plus la grotte n’est pas orientée dans le bon sens… M’enfin.


A part ça, c’est très joli à l’intérieur… Enfin, comme une grotte peut être jolie, moi je dis…

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Quoiqu’il en soit, je reprends la route grâce à mon pouce avant midi et, même si ça ne marche pas fort, je profite des paysages qui sont magnifiques. Tout n’est qu’émerveillement pour moi alors que je traverse une région montagneuse, de basse altitude, à la végétation tropicale. Je vois des bananiers, de manguier, des lézards énormes, si, vraiment, genre de petits iguanes, des enfants qui se baignent dans des ruisseaux et qui me regardent comme si j’arrivais de la lune avec mon gros sac a dos. Je marche pas mal sous un magnifique soleil et, finalement, des gens me prennent en stop et me déposent à Cariaco. Je m’y restaure et entame une longue période de solitude puisque, vraiment, ça ne marche pas. En plus il fait très chaud et l’odeur d’un chien écrasé depuis trop longtemps ne me rend pas l’attente agréable. Cependant, je reste à mon spot puisque c’est une espèce de péage et les gens qui s’y arrêtent ont le temps de réfléchir et se décider à prendre un pauvre auto-stoppeur européen qui attend depuis un bon moment déjà.


Finalement, un gars en dépanneuse avec un gros chien blanc très gentil me prend et m’emmène jusqu’à Carupano. Et de là, je tends à nouveau le pouce plus dans l’optique de sortir de la ville pour trouver où camper que dans un but précis, et me fais prendre en stop par une Jeep. Quelques minutes après nous prenons un autre autostoppeur qui se trouve être français : Dimitri, heureux possesseur d’une guitare. Il n’en fallait pas moins pour que le bonhomme n’éveille chez moi un sentiment très positif à son égard...​

​Notre chauffeur est en fait la propriétaire de la Posada Papagayo à Rio Caribe, un village côtier à une quinzaine de kilomètres de Carupano. Dimitri, avec qui j’ai commencé à sympathiser, m’explique que cette posada n’est pas chère du tout puisque l’on peut y dormir pour 2500 bolivares la nuit (soit env. 25FF) dans des hamacs tendus dans le garage. Sous cet angle là ça parait glauque… En fait, pas du tout ! L’auberge est vraiment sympa et je m’y pose donc pour quelques jours.

 

Dimitri est un gars bien sympathique. Il m’explique qu’il a travaillé dans l’animation en France et ça nous fait donc un deuxième point en commun avec la guitare. Il me dit aussi que cela fait déjà 3 mois qu’il est en Amérique du Sud et je comprends un peu mieux pourquoi il a l’air de capter beaucoup mieux que moi ce que les gens disent. Parce qu’en ce qui me concerne, même si je fais des progrès de jours en jours, c’est pas encore ça… Ceci dit je partais de loin… Alors avant que j’arrive…

 

La posada est peuplée de touristes allemands, suisses et autrichiens pour la plupart. Il faut dire que la propriétaire parle couramment ces étranges et gutturaux idiomes... Ã§a aide un peu son business. Ils sont sympas et l’on rigole bien le soir autour de la guitare et de quelques verres. Dimitri a déjà passé quelques jours ici il y a quelques semaines, alors il connaît un peu le coin. Il m’emmène donc dans un endroit de rêve, un truc de carte postale quoi : La playa Cocos Privatos, qui n’a rien de privée, je vous rassure, mais qui est bien flanquée de nombreux cocotiers. Il faut marcher une petite heure depuis la posada pour y arriver. Mais bon, une fois qu’on y est on ne regrette pas. C’est une plage déserte avec une eau bleu clair, transparente et chaude. Les Caraïbes, quoi ! Il y a  aussi les cocotiers, bien sûr. Ils sont sur une bande de sable entre la mer et d’anciennes salines. Donc il y a de l’eau des deux côtés. Mais celle des salines est stagnante et n’invite guère à la baignade.

 

Nous passons donc une superbe après-midi de baignade dans des vagues énormes. En me laissant porter jusqu’au sommet des vagues je décolle les pieds du sable jusqu’à trois mètres environ… Hallucinant ! Par contre je me fais surprendre deux ou trois fois par des vagues un peu traîtres et m’explose contre le sable. C’est là que le me rends compte que le sable du fond de la mer est beaucoup plus dur que celui de la plage… Trêve de plaisanteries, je réalise à posteriori que l’on a été un peu inconscient cet après-midi là de faire joujou avec des vagues aussi grosses.

Heureusement tout se termine bien puisque nous rentrons tranquillement en fin d’après-midi à la posada. Enfin, je dis tranquillement, mais en fait j’exagère… Les moustiques nous rendent le retour assez pénible. Mais bon, près d’une étendue d’eau stagnante vers 17H30, alors que le jour finit, il faut bien reconnaître que les moustiques sont plus dans leur droit que nous, non ?

 

Un autre jour, nous allons à Carupano pour trouver un café Internet afin de lire mes mails et d’envoyer un message collectif. En fait, je me plais vraiment à Rio Caribe et décide d’y rester plus longtemps  que prévu. Après tout, j’ai le temps, non ?

 

Je profite donc de mon séjour sur place pour aller à une autre plage avec Dimitri : Los Cocos, sur la route entre Rio Caribe et Carupano. J’y prends un coup de soleil mémorable ! En fait, je me suis passé de la crème solaire moi-même et mon bras n’a atteint que le milieu du dos. J’ai donc une partie du dos bien blanche et l’autre toute rouge. Le tout démarqué par une ligne bien nette. Ce qui tend à prouver que mon protecteur solaire est de très bonne qualité…

 

Le soir, on reste à la posada, on sort un peu, ça dépend. Ce soir là, les allemands nous traînent dans un karaoké. Je ne suis pas très fan de ces choses là mais bon, il y a du monde et c’est l’occasion de rencontrer des vénézuéliens, ou liennes. En tout cas, on passe une bonne soirée, surtout avec les allemands qui tisent pas mal et qui me font bien rire. Dimitri, lui se déchire sur la piste de danse. De mon côté, en fin de soirée, je tope une guitare et chante deux ou trois chansons au micro. On rentre tous à la posada, bien contents de notre soirée.

 

Le lendemain, nous retournons à la playa Cocos Privatos. Je pars en avance car je veux prendre des photos. Une fois sur place, je mitraille et me déchire même au timer. Que je m’explique : Je pose mon appareil dans le sable et monte dans mon hamac dont la ficelle qui l’accrochait au cocotier se brise au moment du déclenchement de la photo… 

 

Dimitri et les allemands me rejoignent un peu plus tard et nous passons une bonne après-midi de baignade avec toujours ces vagues immenses, cette eau chaude et limpide, et ces cocotiers… A propos de cocotiers, nous faisons la rencontre de jeunes du coin, environ 6 ou 7, et comme ils sont là pour topper des noix de coco il nous en donnent quelques unes qu’ils nous ouvrent avec leurs machettes. Supers sympas ! En plus, il fait bien chaud et je n’avais pas pensé à emmener à boire. En repartant, une petite brume se lève des salines derrière et je prends une photo en contre-jour en espérant qu’elle donnera bien. A ver…

 

La proprio de la posada nous avait prévenu que la playa Cocos Privatos était un peu dangereuse à cause des jeunes qui y vont des fois et qui, d’après elle sont des voleurs… Personnellement je les ai trouvé sympas ceux que nous avons rencontré, surtout avec le coup des noix de coco.

Le soir, nous retournons boire un coup au Karaoké. La soirée ressemble à celle de la veille à ceci près que nous rencontrons deux gars complètement faits. Ils sont bien marrants. Ce sont des pêcheurs. On ne rentre pas trop tard parce que demain l’on va peut-être aller à une plage assez loin et où l’on ne peut aller qu’en bateau ou en 4X4 : Playa Medina.

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Donc, ce matin, avec Dimitri nous allons faire un tour avant de nous décider pour Playa Medina. Il faut dire que l’aspect pécuniaire de la chose nous retient encore un peu. Et justement ! Nous rencontrons les deux gars d’hier qui, bien qu’ayant débourré, se souviennent de nous. Ils se rendent dans un village à quarante kilomètres plus loin, sur la côte. Ce qui est cool, outre qu’ils y vont en bateau à moteur, c’est qu’ils nous proposent de nous emmener… Gratis, cela va sans dire.


Nous voilà donc décidés, avec Dimitri, pour une après-midi qui s’annonce mouvementée ! Hé oui ! Nous sommes sept en tout dans une barque à moteur typique des pêcheurs du coin, à tracer sur des vagues sympas pendant au moins deux heures, pour aller à San Juan de Unare donc, à quarante Km de là en direction de l’est, c'est-à-dire en nous avançant dans la péninsule de Paria. Avec Dimitri on est tout fou ! Petite ironie de la journée : Nous passons devant la Playa Medina où se baignent en ce moment même nos potes allemands.

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San Juan de Unare est un village où l’on accède que par 4X4 ou par bateau. C’est vous dire si c’est isolé. Nous y arrivons vers 14H30. Ce que nous n’avions pas forcément compris dès le départ était la raison pour laquelle les deux gars se rendaient avec leur trois autres potes à San Juan. Hé bien, c’est qu’aujourd’hui c’est la Teuf ici ! Donc, pour résumer : Nous nous retrouvons dans un village typique de pêcheurs, bien isolé, un jour de fête locale, avec des gars marrants… Que demander de plus ? Le soleil ? Pas la peine, depuis que je suis arrivé sur la côte il fait partie des meubles.


Résultat : Après-midi inoubliable à parler, danser et chanter avec les gens du bled. D’ailleurs, à propos des habitants de San Juan, une chose me frappe : Le nombre de personnes avec des malformations apparemment congénitales, notamment au niveau des yeux, il y a beaucoup de borgnes, et des bras, quelques manchots. Enfin, quand je dis beaucoup… Tout est relatif. Je veux juste dire que par rapport aux mille ou deux mille habitants du bled, la proportion de borgnes et manchots est énorme.  Malheureusement je ne maîtrise pas encore assez l’espagnol pour m’engager dans une conversation sur le sujet avec les gens du coin, et Dimitri est trop occupé à tiser pour pouvoir réfléchir à mes observations.


Bon, comme toutes les bonnes choses ont une fin il faut rentrer. On remonte donc dans le bateau vers 17H, et nous repartons pour deux heures de tape-cul sur les vagues. Les doses non négligeables d’alcool ingurgitées rendent l’ambiance encore meilleures qu’à l’aller et c’est au son de la guitare et de chansons de Manu Chao que nous arrivons, presque de nuit, à Rio Caribe.


Nous prenons congés de nos potes pêcheurs et rentrons à l’auberge tout heureux de notre journée que nous nous empressons de raconter au reste de l’auberge.


Bon, c’est pas le tout ça, mais il va bien falloir que je reparte de ce charmant endroit. Deux jours plus tard je quitte donc Rio Caribe et le gars Dimitri que je pense revoir lorsque je serai sur Choroni, à l’ouest de Caracas.

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Je tends donc le pouce à partir de Carupano en direction de Santa Fé, dans le parc de Mochima. Ça ne marche d’ailleurs pas trop mal puisque j’y arrive le soir même. Enfin, je me suis tout de même tapé un bon coup de flippe avec le dernier bonhomme qui m’a emmené et qui était tellement bourré qu’il slalomait sur la route, de nuit dans une région de montagnes côtières, je ne sais pas si vous voyez le tableau. Il m’a aussi fait voir les crevasses d’un récent tremblement de terre, ce qui m’a bien impressionné… Je ne vous parle pas non plus de ce camion citerne qui avait l’air de dater d’avant l’invention des camions, et peut-être même de celle des citernes, tellement il était rouillé, et qui allait à 45 à l’heure. Enfin je dis ça mais je suis toujours très heureux et reconnaissant envers les gens qui ont la gentillesse de m’emmener, surtout quand je pense à tous ceux qui pourraient, mais qui ont la pas-gentillesse de ne pas m’emmener …

Enfin, il est 23H et je suis sur la minuscule plage de Santa Fé.

 

Première chose à faire, bien sûr, trouver où dormir. La tâche ne devrait pas être bien compliquée puisque cette bande de sable d’une petite vingtaine de mètres de largeur est bordée d’albergues destinées principalement à accueillir des touristes pour la plupart anglo-saxons. Je me renseigne sur les prix et opte finalement pour la moins chère. Enfin, ses prix sont comparables aux prix des autres, sauf que celle là me laisse tendre mon hamac sur le toit (plat !)  pour 2500 Bvs (env. 25FF). Bon, d’accord, il fait un peu frais au plus profond de la nuit, mais ce n’est pas trop gênant, je dors dans mon sac de couchage dans le hamac. Non, ce qui est un peu lourd, c’est cette odeur nauséabonde omniprésente… J’en identifie rapidement la source : c’est un petit ruisseau ridicule qui vient de village se jeter dans la mer… Et ça sent les égouts, bien que l’eau soit assez claire. Je finis tout de même par m’endormir.

 

Le jour suivant, j’explore les lieux… ça ne dure pas longtemps parce que, comme je l’ai mentionné, la plage est vraiment très petite. Je me baigne dans l’eau plutôt chaude mais d’un calme navrant comparé aux vagues immenses de Rio Caribe. Bien sûr, j’ai d’abord pris soin de m’éloigner de l’embouchure du Beuark (c’est le nom du ruisseau à côté de mon auberge). Ensuite, pour animer un peu ma journée je décide d’aller pêcher. Je trouve quelques rochers à l’extrémité de la plage et m’y installe pour trois heures d’une pêche peu glorieuse… Non seulement je n’attrape pas assez de poissons pour les manger (ce qui fait que ceux que j’ai attrapés sont «tombés» pour rien, quel gâchis !) mais en plus je casse une ligne et perd un bouchon. Tant pis. Et ce soir je me couche tôt parce que je suis fatigué et demain je fais un tour.

 

Eh oui ! L’intérêt de Santa Fé c’est d’être le point de départ des visites du parc de Mochima. Ce parc est composé de petits archipels et de la côte du coin. Le tour me paraît pas mal. On prend le bateau le matin, une barque à moteur, et l’on va vers des îlots rocheux où se réfugient des oiseaux marins, notamment des pélicans. Ensuite, on accoste sur l’une des îles et là c’est tranquille. Plage de sable blanc et cocotiers. Personnellement, sans être blasé, je ne suis pas non plus ébahi par l’endroit.

 

Puis, l’on mange un repas, à base de poissons et de verdures, préparé par le guide. Vers les quinze heure, on embarque à nouveau et c’est là que ça devient vraiment intéressant. En effet, l’activité suivante c’est de la plongée avec masques et tubas. Et là, je prends vraiment mon pied. On plonge au dessus d’une épave d’un bateau d’une quinzaine de mètres, déjà bien impressionnant ! Ensuite, on va dans des eaux un peu moins profondes et l’on peut admirer la faune et la flore marine : Tip-Top ! J’en profite pour topper 5 coquillages afin de ramener le plus beau et l’offrir à ma nièce quand je rentrerai. Puis nous rentrons en même temps que la nuit tombe.

 

Les dames du resto d’une autre auberge me proposent de cuisiner les coquillages que j’ai pêchés avec le repas qu’elles vont me servir. J’accepte avec plaisir. Je me couche ensuite car demain je pars le plus tôt possible pour Caracas !

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