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Le Brésil (Le retour)

Manaus et l'Amazonie

J’atterris dans un hôtel à 10 reaïs (R$) (environ 35FF), en compagnie d’un Suédois que je croise dans la rue : Gustav. On sympathise un peu et l’on va faire un tour ensemble le soir même pour avoir une idée du coin.



Le lendemain, nous nous rendons au port afin de connaître le prochain départ pour Tabatinga, à la frontière avec la Colombie et le Pérou. Il se trouve que mon compagnon scandinave se rend aussi par là. La lancha que nous trouvons ne part que dans 4 jours et l’on ne peut acheter les billets que sur place, quelques heures avant le départ. Il me faut donc rester à Manaus encore 4 jours. C’est bien, comme ça je pourrais un peu voir la vie brésilienne dans une grande ville.



Je ne traîne pas trop avec Gustav car je me suis vite rendu compte que nous n’avions ni le même budget ni la même approche du voyage… Quand il sort en boîte à touriste avec d’autres occidentaux pleins de thunes, je rentre me coucher pour me lever tôt le lendemain et profiter de mes journées… Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on est à Manaus !

 

Mais, qu’est-ce que Manaus d’abord ? C’est la capitale de l’état d’Amazonie. Au milieu du 19ème siècle, cette ville a connu un développement aussi fulgurant qu’éphémère. En effet, lors de la ruée vers le caoutchouc, Manaus était le centre mondial de production et commerce de ladite matière révolutionnaire. D’immenses bateaux remontaient l’Amazone sur des centaines de kilomètres pour ensuite aller de par le monde transporter le caoutchouc. On y fit construire des édifices européens tels l’Opéra (pré-construite en Europe, acheminée en pièces détachées et remontée sur place), le marché (œuvre des ateliers Eiffel) ou encore le bâtiment des douanes dons les pierres viennent de ma bien aimée Liverpool. Ce faste disparut aussi rapidement qu’il était arrivé quand, sur la fin du siècle on déroba des graines de caoutchoutiers pour aller les replanter en Asie du Sud Est. La ville déclina peu à peu et ne retrouva jamais son aura perdue.

 

Voilà pour la petite histoire… Mais justement, là nous ne sommes plus dans le passé, mais bien dans le présent. Et aujourd’hui c’est une ville agréable qui m’accueille. Moi qui n’était pas spécialement attiré par le Brésil je dois avouer que je trouve les gens très gentils, souriants, serviables et chaleureux. Sans compter que les filles sont divinement jolies.

Je flâne, j’arpente les rues sans but, me rend à la bibliothèque municipale, en centre-ville, pour avoir un accès à internet et envoyer quelques mails afin de rester un peu en contact avec l'Europe.

Le jour du départ arrive finalement. Entre temps, je me suis renseigné sur les démarches à accomplir auprès de la Policia Federal afin de faire prolonger mon visa (initialement de 2 semaines). On m'indique un bureau en dehors de la ville et je dois donc prendre un bus pendant une petite heure afin de m'y rendre. J'ai fait exprès d'attendre le plus tard possible pour entreprendre ces démarches afin de n'avoir à demander qu'une petite semaine de rab. Le problème, c'est qu'une fois sur place, on ne me laisse pas entrer. Le motif : je suis en short. Eh oui, ici, on ne badine pas avec les apparences. On entre pas en short dans un bâtiment officiel. La corruption est omniprésente dans le pays, tout est plus ou moins informel, mais moi, je me retrouve à 4 heures de mon embarquement pour un voyage de 6 jours sur l'Amazone, bloqué à l'entrée d'un bâtiment de la Policia Federal avec mon visa qui expire dans 2 jours parce que je suis en SHORT !!!



Bon, je suis passablement énervé, même si, objectivement, c'est de ma faute. Je n'ai qu'à respecter les coutumes locales... Encore eût-il fallut que je les connaisse... Bref, je demande à une dame qui pénètre dans le bâtiment de bien vouloir prendre mon passeport et expliquer mon cas aux autorités afin qu'elle me prolonge mon visa d'une petite semaine. Elle ressort une demi-heure plus tard et me fait un compte rendu. L'officier qu'elle a vu lui a affirmé qu'en embarquant aujourd'hui j'entreprenais ma sortie du territoire brésilien aujourd'hui, soient deux jours avant la fin de mon visa. Je n'aurai donc pas de problèmes en arrivant à la frontière même avec un visa expiré depuis 4 jours. Cela me rassure un peu, même si j'aurais préféré avoir un nouveau tampon sur mon passeport afin d'être vraiment en règle. Enfin, je verrai bien. Je remercie chaleureusement la dame et reprends le bus pour le centre ville où je récupère mes affaires avant de me rendre au port pour retrouver Gustav et embarquer.



Mon nouvel ami Suédois m'avait prévenu que le bateau serait plein a craquer et que les gens en hamac dormaient les uns sur les autres. J'aurais du me méfier du sérieux suédois ; rien de marseillais dans les propos de mon blond ami, les gens sont bien les uns sur les autres. Et si, dans l'ensemble, je me réjouis d'avoir pris une cabine, a peine plus cher que le hamac, je dois avouer qu'en certains endroits du bateau, vu la configuration, il ne m'aurait pas déplu d'être en hamac...



Le bateau démarre donc avec cinq heures de retard, comme il se doit, nous laissant admirer le magnifique coucher de soleil depuis les quais, et entame sa remontée d'environ 2000 Kms d'Amazone a la vertigineuse vitesse de 20 Km/H env. On m'avait dit que l'Amazone est tellement large que lorsque l'on est au milieu on n'en voit plus les rives. C'est peut-être vrai par endroit, entre Manaus et l'Atlantique, mais pas en amont. Ceci dit, le fleuve est large, très large. La plupart du temps il fait entre 5 et 10 fois la Seine a Paris. Mais, bien plus que sa largeur, c'est quand on pense a sa profondeur, 100 m par endroit, que l'on est vraiment impressionné.


Afin d'éviter au maximum le courant central, le bateau navigue sur les bords, tantôt l'un, tantôt l'autre. Ce qui nous laisse admirer la forêt, les oiseaux et papillons. Parfois même, vers le milieu du fleuve, on aperçoit des dauphins d'eau douce qui, dans la région, on l'excellente idée d'être roses.


Pour échapper à la moiteur de notre cabine, J'ai tendu mon hamac sur le pont inférieur,  la ou il y a moins de monde, mais plus de moteur... La cabine c'est bien mais il y fait trop chaud pour s'y reposer la journée, et je m'en sers surtout comme lieu sur pour mes affaires.


Sur le bateau, il y a aussi un groupe de musique qui, avec un clavier, une boite a rythme infernale et un micro doté d'une réverbe plus profonde que le grand canyon, nous joue la même soupe tous les jours, et toutes les nuits. Au début  l'on trouve Ã§a drôle, au bout de deux jours, on veut les jeter par dessus bord... A propos de Ã§a, vous seriez effarés de voir tous les gens du bateau, passager comme équipage, jeter n'importe quel détritus par dessus bord. Plastiques, canettes, polystyrènes, TOUT !!! Une horreur. Enfin!


La fin du voyage se serait passé sans histories pour moi si je ne m'étais chopé une petite dysenterie. Infection qui m'a cloué au lit et aux toilettes pendant 3 jours et demi. Lors d'une escale, les gens du bateau m'ont transporté dans un hôpital où un médecin américain m'a ausculté, transfusé 3 litres de solution saline pour me réhydrater et m'a donné des médicaments. Le lendemain j'allais déjà mieux.


Mardi, arrivée à Tabatinga où je découvre les ENORMES qualités de coordination et de compréhension, en un mot : d'HUMANITE, de la police fédérale brésilienne. Au final, a cause d'une accumulation d'erreurs et de dysfonctionnements de LEUR part, la prochaine fois que j'entre sur le territoire brésilien, je dois payer une amende de 15 US$. Ce n'est pas tant le montant (tout de même plus élevé que mon budget quotidien pour ce voyage) que l'injustice que cela représente qui m'énerve passablement.

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